Eric Leblacher a pris la décision d’arrêter sa carrière professionnelle. A 28 ans, le Francilien a refusé une prolongation de contrat avec la Française des Jeux. « Marc Madiot m’a encore appelé la semaine dernière mais c’est irrévocable : j’arrête. Ma décision repose sur un choix personnel. Je fais ce que j’ai envie de faire. Je ne suis pas guidé par qui que ce soit. Je ne suis fâché avec personne. Je n’ai pas de lassitude, je n’ai pas eu de déception, comme celle par exemple de ne pas disputer le Tour de France cette année. Quand j’ai disputé le Tour du Doubs, le 2 juillet, c’était déjà oublié. Beaucoup de gens, des amis n’ont pas compris comment je pouvais refuser un contrat de deux ans avec une revalorisation de salaire. J’explique simplement que j’ai d’autres rêves. Je veux travailler dans une collectivité, je veux vivre pleinement ma vie de famille, je veux voir grandir ma fille Lola, qui a deux ans. »
Issu de l’ESC Meaux, passé au CM Aubervilliers, intégré dans l’équipe Crédit Agricole Espoirs en 2002, engagé dans l’équipe Crédit Agricole en 2003, Eric Leblacher a vécu son rêve pendant cinq ans. « Je l’ai cru longtemps inaccessible. Je l’ai vécu. J’estime que j’ai eu de la chance. » L’an passé, son rêve déboucha pourtant sur une cruelle réalité. « Je n’étais pas conservé dans l’effectif après deux fractures de la clavicule en quelques mois. Je l’ai su assez tard. J’étais dans la panade quand Marc Madiot m’a alors redonné ma chance mais j’aurais pu aussi bien arrêter. J’avais déjà envie de donner un autre sens à ma vie. Aujourd’hui, je ne veux surtout pas rater une possibilité de reconversion. Le vélo pro, c’est une bulle très, très épaisse. Il fallait un jour ou l’autre prendre du recul avec ce monde. Ce n’est pas grave, si je gagne moins d’argent, si je vais payer ma maison en vingt ans au lieu de dix. J’ai des bonheurs simples. Je ne vais pas en vacances à Saint-Domingue mais quinze jours en Bretagne, à Perros-Giuirec. »
Le vélo restera toujours la passion d’Eric Leblacher. « Il est hors de question que j’arrête le sport. Le vélo a toujours était présent, il va simplement occuper une partie différente dans ma vie. Je sais déjà ce que je vais faire l’an prochain. Courir huit cyclosportives, disputer des courses sur route en Île-de-France, en première catégorie, et reprendre le cyclo-cross sous les couleurs de l’ESC Meaux, où j’ai déjà signé 17 licences. Je sais déjà que je vais disputer la Marmotte. Ca me fait plus plaisir de m’aligner au départ de cette cyclo que de refaire le Critérium du Dauphiné. » Mais Eric Leblacher n’en est pas encore tout à fait là. Il est encore pro pour quelques jours. ll aurait pu courir Paris-Bourges, jeudi prochain. « Mais comme ça risque de se terminer au sprint, j’ai compris que l’équipe misait sur des sprinteurs. Ce n’est pas mon cas. » Il terminera sa carrière au Tour de Lombardie.
Eric Leblacher a gagné deux courses, Bruxelles-Opwijk en 2002 et une étape de l’Etoile de Bessèges, en février dernier. Sélectionné aux championnats du monde Espoirs 2000, à Plouay, sélectionné en équipe de France élites aux Mondiaux de Vérone, en 2004, il a terminé le Tour d’Espagne 2006 à la 33e place.
Velo magazine (2006-10-04)