Derrière les trois qui, pour l’instant, s’entendent -pour combien de temps? -, Camille Bouquet rajoute un peu d’électricité à l’atmosphère. Il n’est pas seul. Lebarbier (VC Saint-Lô-Pont-Hébert), Paggiolo (AC Bayeux-BC- BAC), Caprais (Divpa) , sosie de Delarue, Leveillé (EC câp Ouest), venu des Yvelines et difficile à surprendre, Dhéruelle (UC Sablé-sur-Sarthe) et Romain Simon, fort comme un Rouennais, se jettent dans la mêlée. Finalement, ily a trop de monde. C’est un coup pour rien… Sauf que les trois s’entendent comme larrons en foire. Ils oublient pourtant que Michael Olejnik est bien là. Le Polonais de Sainte-Aus’, vingt ans, a déjà fait les Championnats du monde l’an passé. Alors, pas facile de ne pas tomber sur lui en chemin. Ils sont quelques-uns à lui prêter, pour l’instant, main forte dont Yannick Talabardon, qui ne peut pas sentir Olejnik devant. Le saignant Méridional Paggiolo installé en Normandie le sait comme Bouquet, Caprais et Yvan Sartis, un p’tit gars du Centre, de Châteauroux, qui a connu la prison, mais comme gardien.
Finalement, seul Olejnik et Paggiolo vont faire le ménage. Leblacher, Fabrice Parent et Delarue commencent à se dire que le gâteau qu’ils voyaient bien se partager en trois, il faudra peut-être le découper en cinq. Et bientôt en neuf, car rappliquent le grand Meunier et son pote au crâne rasé d’Auber, Fred Lubach, Damien Taburet, venu d’une banlieue chaude, Corbeil-Essonnes, et Rodolphe Parent qui se mordait les doigts d’avoir laissé Olejnik en mauvaise posture.
A trois d’Auber contre deux de Sainte-Aus’, la lutte semble inégale, d’autant qu’on ne sait pas de quel côté, du plus fort ou du moins fort, sont Delarue, Taburet, Paggiolo et Fabrice Parent. Malin, ce dernier, même s’il a mal au nez des suites d’une allergie, tente de profiter que les autres se regardent ,un instant dans le blanc des yeux pour s’éclipser. Dans la côte de Caumont, Michael Olejnik et Rodolphe Parent, qui n’est pas le cousin de l’échappé, voient rouge. Ils se dressent comme deux petits coqs et s’élancent. Ça fait mal. L’impertinent échappé tangue d’un seul coup de droite à gauche, les autres accusent le coup. Éric LeblaCher pense que c’est le moment de frapper plus fort qu’eux. A brutaliser ses fines jambes, on croit qu’il va finir par les casser. «J’ai 46 dents devant, il faut que je prenne de l’élan.» Olejnik n’est pas d’accord, mais Lubach vient protéger la fugue de son pote. «Si t’y vas, je te suis.» L’adversaire hésite. La faute. Delarue sent aussi qu’il a raté le bon coup. mais c’est déjà trop tard. «Celui qui frappe, qui s’échappe le premier gagne le plus souvent», confirme Éric Leblacher sur le podium, après avoir levé les bras au ciel comme un boxeur à la suite d’un K.-O. réussi, «Je suis venu les deux années passées, je connais.» A côté, Frédéric Lubach rayonne, le maillot, il est pour lui. Le blanc et le rouge lui vont d’ailleurs bien. Pas loin de là, Michael Olejnik est inconsolable. «Le maillot, on l’avait, on l’a plus, il va falloir aller le rechercher. Mais la prochaine manche, c’est chez nous à Yvetot. Ca va barder.».
Eric Leblacher, vingt-deux ans, double champion d’Ile-de-France de cyclo-cross et sur route, imbattable à Caahagnes.
Eric Leblacher a gagné, bien protégé par ses coéquipiers. Son premier K.O. lui tire quelques larmes de joie. « Le montre pas, le montre pas« , lui dit son coéquipier Fred Lubach.
Vélo magazine (2000-06-01)