j’ai réussi mon objectif, celui d’être finisher d’un bordel à pieds de 80km. J’ai été diminué physiquement après avoir passé une partie de la nuit précédente assis ailleurs que sur mon lit(si vous voyez ce que je veux dire) mais j’ai rien lâché. Je suis allé plusieurs fois par la case toilettes pendant l’épreuve (derrière un arbre !) mais ça, c’est du détail car le coup de froid durera 2 jours mais le statut de finisher restera lui.
Je n’avais jamais accompli + de 42km à pieds, jamais fait un trail de + de 30km. Je pensais peut être faire un temps meilleurs mais honnêtement, l’essentiel n’était pas là finalement, il fallait juste voir la tour Eiffel.
Il y a un sentiment de plénitude je crois…
Compte rendu:
Je vais chercher mon dossard vendredi. Je m’attarde 30min dans le village pour profiter de certains stands et discuter avec certaines connaissances. Mes enfants m’ont retrouvé: ils achètent une peluche eco trail.
En soirée, je prépare mon sac de course et mes affaires. Coup de stress, ma poche d’eau s’est percée sur ma dernière sortie d’entrainement sans que je m’en sois rendu compte avant. Direction donc DECATHLON pur acheter à la hâte un sac de course. Je suis un peu inquiet car je n’ai jamais couru avec et j’ai peur qu’il ne me convienne pas,que les réglages ne soient pas les bons.
Massage, pâtes complètes, bananes, petite étude du parcours: je suis couché pour 21h30.
La nuit n’est pas très bonne. J’ai un peu le ventre en vrac et dois passer 3 fois par la case toilettes. Je mets ça sur le compte du stress mais je suis pas très bien tout de même. Le sommeil ne vient pas à partir de 5h00, je me lève 1h30 plus tôt que prévu.
J’arrive sur le site de départ pour 10h00. J’ai froid depuis ce matin, à coup sur j’ai attrapé un petit virus, un coup de froid. Mais pas grave, je reste concentré.
Coup de feu à 12h30, c’est parti !
Je prends un rythme régulier, calé dans un groupe où je repère que les 2 meneurs sont des routards du trail. Les premiers kilomètres sont quasi tout plat mais assez gras.
2h de course s’affichent à la montre j’arrive au 1er ravitaillement km23.
Petit détours par les toilettes, je refais le stock d’aliments solides (surtout du chocolat noir histoire de bloquer le transit!), c’est reparti.
Les premières difficultés du parcours apparaissent à partir du km 25. De belles montées très pentues qui nécessitent de marcher vite plus que de courir. Je dois filer mon petit groupe après un nouveau passage « derrière un arbre ». Je suis diminué, un coup chaud un coup froid.
km 35. Les passages single tracs s’enchainent. je me mets à marcher un peu plus souvent et le doute s’installe un peu.
km 42. Ravitaillement dans un kilomètre au terme d’environ 200 marches à monter. Je suis ratatiné.
km43. ravitaillement. Dernier passage par les toilettes. Je me dirige ensuite vers le poste de secours. Je dis au médecin:
« j’ai le ventre en vrac ».
Il me le palpe: « en effet, il est tout dur, certainement un coup de froid intestinal ».
Il ajoute: « je vais vous donner 2 Doliprane et un sachet pour le transit. Pour l’épreuve, vous voulez faire quoi ?
» Comment ça je veux faire quoi ? » lui dis-je.
Il sourit et répond: « ok j’ai compris, alors prenez ça et allez y. Soyez prudent »
Je retourne au ravito où il n’y a pas d’aliments solides de proposés mais que de l’eau, Je prend le temps de remplir mon sac à eau d’un nouveau litre et demi. je mets aussi de la pommade à mes pieds, ça me fait un bien fou. J’appelle aussi ma femme:
« je suis pas au top, c’est dur bordel, je sais pas si je vais pouvoir aller au bout
Je sens la déception dans sa voix, j’entends mes enfants derrière elle m’encourager.
Ma femme me dit: « Lola pleure, elle veut pas que tu lâches ». C’est d’accord, c’est noté…
La prochaine heure et demi de course me remet sur le droit chemin. J’adopte un rythme, je prends soin de mon geste, le ventre me gène moins.
Le dénivelé est important sur cette partie du parcours, il y a de sacrés talus.
Le paysage est très sympa, au détour d’une montée une vue spectaculaire sur Paris s’offre à nous: nous sommes à l’observatoire de Meudon.
km 57: Ravitaillement. J’installe ma lampe frontale, la nuit est proche. Je passe un coup de fil rapide à ma femme: « je suis toujours vivant…! ». Il se met à pleuvoir.
Les dix prochains kilomètres sont fait de chemins en foret. Il fait définitivement nuit désormais. Le tracé n’est fait que d’un serpent de lampes frontales des coureurs. Pas de bruit, c’est le moment crucial: si ça passe ça devrait le faire. Je m’arrête 30s pour me masser un peu le ventre et le cou, je repars…
km68: Dernier ravitaillement. Je suis bien entamé bien sur mais pas de casse physique, pas de contractures: la machine était prête !
Je prends du chocolat, 3 bouts de bananes, remets un peu de pommade sur mes pieds et je file. Une descente de 2km abruptes me casse les jambes, nous arrivons sur les quais de Seine il reste 10km. Il pleut très fort maintenant, un véritable orage.
Je conserve mon rythme, celui qui va permettre d’aller au bout. Ces 10 derniers kilomètres sont un peu monotones mais casse patte par 3 fois où nous montons des escaliers et traversons une chaussée de circulation où le feu rouge m’oblige à stopper mon effort. Je repars en marchant vite puis reprends mon trot. Nous courrons sur du chemin.
La Tour Eiffel majestueuse apparait de plus en plus, elle scintille. « Il reste 2km » me dit un bénévole .
Dernière ligne droite de 400m, je profite.
Je franchis la ligne, 9h28 de course. je suis FINISHER !
Avoir été diminué physiquement a été un handicap certain mais je n’ai rien lâché. Je voulais être finisher c’était mon doux rêve, mon objectif un peu four aussi car j’étais un véritable novice.
Physiquement, j’étais prêt car je termine sans grosse contracture, sans avoir cassé la machine.
« La marche » était très haute aussi je crois ! N’importe qui(ou presque) serait passé d’abord par le 50km avant de s’aligner sur la distance ultime du 80km. Mais l’aventure n’aurait pas été assez belle…
Je rentre à la maison pour 23h30, ma femme m’attend et me dit « Je suis fier de toi ». Tout ça pour ça…
J’enfile mon tee shirt finisher, je décide de passer la nuit avec.
Place à la récupération désormais. Je pense toujours être au départ du duathlon inernational de Meaux dans 2 semaines mais ce sera davantage pour être de « la fête » que pour viser la gagne: je ne crois pas que j’aurai recouvré assez de vitesse sur une épreuve très courte(5km-23-2.5) qui fait davantage appel à des qualités de demi fondeurs que de traileurs 80km ! Ce n’est pas grave du tout, je savais depuis que j’avais décidé de faire l’éco trail 80km que j’allais devoir baisser la vitesse pour travailler l’endurance.
Je vais maintenant pouvoir enfourcher pour de bon le vélo pour accumuler les kilomètres pendant 7 semaines et préparer la saison qui débutera le 8 mai. J’ai reçu cette semaine mon nouveau matériel B’TWIN et mes roues RARS.
photos à suivre